Ordalie : une « pièce », comme on dirait un peu vite, une pièce de théâtre.
Elle n'est pas une pièce, en tout cas, cette « pièce ». Elle aurait plutôt la force, l'audace, la singularité, elle courrait même le risque de mettre tout en pièces. Là serait son génie, voire, il faudra bien s'en expliquer plus tard, son malin génie, un génie du mal, le mal partout. Accusant le mal en soi, comme on accuse un coup, l'appelant à comparaître en un procès sans précédent, le malin génie met tout en pièces, donc.
À commencer par elle-même, la pièce, vous et moi. Comme toute ordalie digne de ce nom, elle nous juge, nous tous, et vous et moi.
Mais si, de telle Ordalie, nul ne sortait quitte, acquitté ou indemne, ce serait peut-être la condition pour voir paraître enfin l'innocence. Pour la penser, cette innocence, et la réaffirmer, et la mettre en oeuvre théâtrale, enfin, quoique sans assurance, fût-ce sous la forme indéniable d'un « comme si »...