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Le Marin


The Sailor

Parce que la question était « Où suis-je? »
Les étrangers se sont allongés au seuil des maisons
Pour que le marin trébuche dans leur souffle et insulte l'horizon fini.
Sans la moindre croyance.
Dès lors, j'ai décidé de visiter les livres et d'y chercher la catastrophe
Quand les étrangers sur leurs têtes serraient le voile de l'événement à venir
Pour ignorer le marin ivrogne
Cheminant sur les routes du siècle en allé
À la suite de l'oiseau de mer égaré
Tombé un jour sur une voile tracée par les doigts de l'artiste.
Alors je me suis tournée vers le marchand des quatre saisons pour te choisir des fruits
Qui te tenteront quand l'hiver sera là
Et te seront une consolation au moment où tu découvriras la vérité,
l'absence des couleurs.
J'achèterai aussi pour toi une tente de bédouin
Que tu porteras, quand tu affronteras les naufragés des profondeurs.
Tandis qu'elle est assise sur une chaise du café,
compatissante aux passants,
Alors, les oiseaux de mer têtus se retireront
Et renonceront à dévorer tes victimes
Après s'y être adonnés.

Les tableaux abstraits vont se précipiter
dans le convoi rapide
Tandis que toi, sur les deux côtés, tu agites des chasse-mouches au loin
Pour ouvrir le chemin.
Les ruines étaient nombreuses, je t'ai emmené dans sa maison
pour te cacher dans les chambres.
Je me suis mise à nettoyer les lieux
À ranger les ordures en petits tas
Pour que les savants y cherchent quelques infimes trésors.
Ou pour qu'ils aèrent les pages de brume distillée
Comme une chasteté ancienne.
Ou comme une dépravation moderne.

Elle est à présent dans un café à la croisée des chemins
Elle épie les passants-oiseaux, devant la cabine
téléphonique qui attend
L'éclosion du jour du printemps.
Sur une plage qui les rassemble leurs regards
se quitteront pour l'infini.
La fin dévorera-t-elle ces regards ?
Ou bien seront-ils
Perles des profondeurs dans les mers
Qui pourraient empêcher le passage
vers le coeur de la place ?
Là, nous te verrons toi, Jonas le sage
Ou peut-être verrons-nous ce marin ivrogne.
La brise l'a enveloppé
Alors il n'a plus voulu plonger dans les abysses.

 

Because the question was, "Where am I?"
Strangers lay down across the thresholds of homes
so the sailor would stumble over them and curse them and curse the finite horizon
without the slightest conviction.
That's why I decided to turn to books in search of misfortune
while the strangers were pulling the covers of what was to come over their heads,
so as to ignore the drunken sailor,
as he ran down the streets of the expiring century
in pursuit of the wayward sea bird
which landed one day on a sail sketched by the artist's fingers.
So I stopped at the grocer's to buy you some fruit
you'll relish come winter.
Then you'll have the consolation of a moment of truth,
which is the absence of colors.
I shall also procure for you a bedouin tent,
to carry when you visit the drowned of the deep.
As she sits in the café pitying the passers-by
the stubborn sea birds will tuck themselves away
and refrain from consuming your sacrifices
despite their past addiction.

The abstract paintings got ready to scurry along with the hasty procession,
and you alongside, waving your arms to make way.
There were many ruins, so I took you to her home to show you the rooms,
and I started to clean up,
and pile the trash in littlle piles,
so the archaeologosts could search for small valuables
and preserve the papers dripping with fog.
As if it were an ancient sanctity.
Or as if it were a modern outrage.

She sits there now, at a café at the crossroads,
watching the birds and the passers-by,
facing the waiting phone booth
as a spring day dawns,
on a shore that contains them as they gaze into infinity.
Will their gazes consume the ending?
Or will they become
pearls of the deep in oceans
that will obstruct the way to the heart of the courtyard?
There we will see you, Jonah the Wise,
or maybe we'll see that drunken sailor
buffeted by the wind,
giving up diving into the deep.

 

 

 S. Fathy, Paris, 29 novembre 1994 et mai 1995

Recueil-poesie2a

S. Fathy, Paris, 29 novembre 1994 et mai 1995

S. Fathy - Translated by S.V. Atalia (2000)